Le mouvement indépendantiste kabyle, dirigé par le Mouvement pour l’indépendance de la Kabylie (MAK), a récemment marqué une étape importante dans sa campagne de longue date contre ce qu’il décrit comme l’occupation algérienne. Lors d'une cérémonie organisée à New York, près du siège des Nations Unies, le mouvement a officiellement proclamé la renaissance de l'État kabyle. Ce lieu symbolique a été choisi pour souligner les aspirations du nouvel État à être reconnu comme membre légitime de la communauté internationale.
Lors de cette poignante cérémonie, Ferhat Mhenni, le leader du MAK, a prononcé un discours puissant devant les participants. Il a revisité le récit historique de la région kabyle, qui avait été incorporée à l’Algérie moderne sous la domination coloniale française. Mhenni a souligné la résistance de longue date contre le contrôle militaire algérien, en mettant particulièrement l’accent sur les révoltes de 1963 à 1966, qu’il a qualifiées de lutte fondamentale contre la domination algérienne.
L'événement a été chargé d'émotion alors que les participants ont brandi le drapeau kabyle et chanté avec passion l'hymne national, signalant un désir unifié de reconnaissance et de souveraineté. Quelques jours avant cette déclaration, Mhenni s'était adressé à la 23e session de l'Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones, plaidant pour l'inclusion de la Kabylie dans le processus de décolonisation de l'ONU. Il s'est dit optimiste quant au fait que la Quatrième Commission de l'ONU sur la décolonisation s'engagerait bientôt directement avec une délégation kabyle pour explorer les moyens de soutenir leur quête non violente d'indépendance.
Mhenni a également critiqué le traitement sévère infligé aux militants kabyles par les autorités algériennes, condamnant l'emprisonnement de plus de 500 partisans pacifiques de l'indépendance sur la base d'accusations qu'il considère comme infondées. Il a accusé le gouvernement algérien d'employer des « moyens terroristes » pour réprimer les mouvements d'autodétermination à l'intérieur de ses frontières tout en niant ces droits aux Kabyles, malgré leur souveraineté historique distincte, leur langue (amazighe) et leur système juridique traditionnel.
La répression du peuple kabyle est un problème de longue date, remontant à son rôle de premier plan dans la résistance à la domination coloniale française. Tragiquement, cette résistance s’est heurtée à des représailles brutales de la part du régime militaire post-indépendance, qui a non seulement assassiné des dirigeants kabyles, mais a également installé un système autoritaire à parti unique.
L’héritage de l’oppression s’est poursuivi jusqu’à une époque plus récente. Sous la présidence d'Abdelaziz Bouteflika, le régime était responsable de la mort de 126 manifestants kabyles lors des incidents du Printemps noir, un soulèvement déclenché par la mort du lycéen Massinisa Guermah aux mains de la gendarmerie algérienne. Ces manifestants avaient exigé la reconnaissance de leur identité culturelle et linguistique et réclamé de meilleures opportunités économiques.
Les dirigeants militaires actuels sous Chengriha et Tebboune ont intensifié ce climat d’intimidation, avec des accusations de militants kabyles selon lesquelles le régime aurait orchestré des incendies criminels pour cibler leur communauté et emprisonné injustement de nombreuses personnes sur la base d’accusations forgées de toutes pièces, notamment de terrorisme. Le taux de participation extrêmement faible en Kabylie lors des élections présidentielles de 2019 et du référendum constitutionnel qui a suivi illustre clairement la profonde désillusion de la population locale à l'égard de la gouvernance algérienne.
La Kabylie mouvement d'indépendance continue de rechercher un soutien international pour sa cause. Il s’efforce d’obtenir la reconnaissance et le droit à l’autodétermination, sans les tactiques oppressives historiquement employées par l’État algérien.
Les griefs de longue date entre le peuple kabyle et le régime algérien ont été marqués par une série d’actions que beaucoup ont qualifiées d’abus sanctionnés par l’État. Ces actions incluent un modèle de répression systémique, de suppression culturelle et d’incidents violents, qui ont contribué à une relation profondément tendue.
Répression systématique et arrestations arbitraires.
Le régime algérien a souvent été accusé de recourir à des tactiques dures contre les militants kabyles, notamment des détentions arbitraires et des arrestations à caractère politique. Ces mesures sont souvent menées sous couvert de maintenir la sécurité nationale, mais sont considérées par beaucoup comme des tentatives visant à étouffer la dissidence et à réprimer le mouvement indépendantiste.
Suppression culturelle.
L’une des formes de répression les plus insidieuses a été la tentative de marginaliser la langue et la culture kabyles. Malgré le riche héritage amazigh des Kabyles, le gouvernement algérien a toujours promu des politiques d’arabisation qui marginalisent les pratiques culturelles et les langues amazighes. Cet effacement culturel a été une source de tensions et de ressentiments importants, alimentant les mouvements vers une plus grande autonomie ou indépendance.
Violences et meurtres.
Les abus les plus flagrants se sont peut-être produits sous la forme de violences directes contre le peuple kabyle. Un exemple notable a été celui du Printemps noir de 2001, lorsque la gendarmerie algérienne a tué plus de 126 manifestants kabyles. Ces protestations ont été déclenchées par la mort du jeune étudiant Massinisa Guermah alors qu'il était détenu par la gendarmerie, ce qui a déclenché de vastes manifestations dans toute la Kabylie exigeant justice et plus d'autonomie. La réponse violente de l’État a encore renforcé la méfiance et l’animosité entre la communauté kabyle et les autorités algériennes.
Négligence économique et discrimination.
Au-delà de la répression physique et culturelle, la région kabyle a souffert de négligence économique et de discrimination, exacerbant la pauvreté et le chômage dans la région. Cette négligence est perçue non seulement comme un échec de la gouvernance, mais aussi comme une marginalisation délibérée qui a alimenté de nouveaux troubles et des appels à l'indépendance.
Abus des droits environnementaux et fonciers.
Des accusations ont également fait surface concernant le rôle du gouvernement dans la mauvaise gestion et la négligence environnementales, notamment en réponse aux incendies de forêt qui ont périodiquement ravagé la région kabyle. Les militants ont accusé le gouvernement de réagir de manière inadéquate aux catastrophes naturelles, qui, selon certains, pourraient être exacerbées par une négligence délibérée, voire par des actions malveillantes visant à déplacer les communautés kabyles.
L’impact cumulé de ces actions a été un profond sentiment d’injustice parmi le peuple kabyle, contribuant à l’intensification de son mouvement indépendantiste. Le rôle de la communauté internationale reste essentiel pour résoudre ces problèmes, dans la mesure où la pression internationale peut contribuer à arbitrer ces conflits profondément enracinés et encourager une approche plus humaine de la gouvernance de la part du régime algérien.